L’apparition d’un vent soutenu de sud. ou S.W. dans l’estuaire, crée inévitablement un clapot faisant danser les bateaux amarrés à leur bouée.
Le poids de la chaîne assure son rôle d’amortisseur et ne présente aucun danger d’arrachement des taquets et chaumards normalement fixés
Par contre, l’usure des bouts suite au frottement sur l’anneau de la bouée ou sur les chaumards du bateau peuvent provoquer rapidement la rupture du cordage.
Dans le cas d’un mouillage sur corps mort en zone, la longueur de la ligne est réduite, aussi fait-il choisir des fortes sections pour obtenir un poids maximum et une résistance maximale, et un poids de corps mort adéquat en fonction de l’exposition.
Ce sujet est rarement abordé dans la littérature, et chacun les interprète à sa façon.
Mais essayons d’examiner un peu les données : (chiffres et formules trouvées dans des bouquins techniques ou dans l’excellente revue Bateaux)
Une formule, due à Ralph Bagnall Wild, permet de connaître l’effort exercé sur la ligne qui entraînera un impact à 100% sur le dispositif de fond ( il n’y aura plus d’effet amortisseur de la ligne) :
(L2-H2) x P |
(2 x H) |
avec :
L = longueur de la chaîne en mètres,
H = hauteur d’eau en mètres,
P = poids au mètre de la chaîne en Kg/m.
Mais cette formule, certainement valable pour les profondeurs d’eau importantes, ne semble pas correcte pour des petits mouillages comme le nôtre.
Toutefois, elle confirme le rôle important du poids au mètre de la chaîne et de la longueur de ligne. On sait que des normes existent sur les tractions effectives, notamment un tableau théorique américain donne les valeurs suivantes :
Vent............... Bateau 4,5m ...... Bateau 6m ........ Bateau 7,5m 15 nœuds - force 4 .... 27 Kgf .......... 41 Kgf ............57 Kgf 30 nœuds - force 7 ....113 Kgf ......... 163 Kgf ...........223 Kgf 42 nœuds ..............227 Kgf.......... 327 Kgf .......... 445 Kgf 60 nœuds ..............454 Kgf ......... 654 Kgf .......... 890 Kgf
Ces valeurs sont contestées par beaucoup et cette appréciation se trouve apparemment non confirmées par les essais qui donnent des valeurs de deux à trois fois moindre. On sait aussi et surtout que le clapot est un phénomène aggravant. Des essais sur un bateau de 10m on donnés les résultats suivants :
Efforts mesurés par ............... force 3 .... force 5 .... force 7 sur une ligne lestée (chaîne) ....... 30 Kgf ..... 50 Kgf ..... 80 Kgf sur une ligne directe (textile) ..... 60 Kgf ..... 80 Kgf .... 130 Kgf sur coups de boutoirs : 120 Kgf (petit clapot) 380 Kgf (clapot formé) 900 Kgf
Ce ne sont pas les chiffres qui sont intéressants (encore que…) mais les progressions : le clapot peut multiplier de 4 à plus de 10 les efforts sur la ligne.
Maintenant, intégrons tous ces paramètres dans notre raisonnement d’analyse du risque : les corps morts permanents devront supporter des tempêtes, aussi prendrons-nous en compte les chiffres de tableau américain, pour dresser le tableau suivant :
Longueur bateau .... 4,5m ....... 6m ..... 7,5m Poids conseillé ... 1000kg ... 1000kg ... 1000kg
Maintenant, examinons la ligne de mouillage pour que cela reste cohérent : dans la baie, notre hauteur d’eau est de : 6 mètres, notre configuration de site n’autorise que des lignes inférieures à 17 m.
Le poids d’une chaîne est donnée par le tableau :
Section ... Poids au mètre 10 mm2 ..... 2,3 Kg 12 mm2 ..... 3,0 Kg 14 mm2 ..... 4,4 Kg
Tout ceci semble de la théorie et c’est à chacun de mesurer son risque (et de prendre des assurances en conséquences).
Mais même si la dépense est plus importante, il ne faut pas oublier la valeur vénale du bateau.
Une chaîne bien lourde durera plus longtemps, des manilles inox tiendront mieux (ne pas oublier de les bloquer).
Il restera à rester cohérent sur l’amarre textile du bateau qui devra être de section correcte, et devra absolument être protégée du raguage dans le chaumard par un enrobage adéquat.
Il est à noter que nombre de chaumards sont insuffisamment dimensionnés, car prévus pour un parcage en port et non au corps-mort. Là aussi, c’est le constat des tempêtes récentes sur des bateaux neufs.
Bien sûr, l’été est moins propice aux tempêtes et notre étude tient compte d’une mise permanente au corps mort dans une zone qui peut être sensible à la houle.
Tout ceci peut rester très controversé, mais c’est une compilation, une étude théorique après de nombreuses lectures et de nombreuse interview de gens du métier.
Le mouillage avec ligne plus légère reste possible si les conditions météo sont favorables : c’est à vos risques et périls.
Il reste vrai que bien qu’à l’abri, avec les restrictions imposées au point de vue rayon d’évitement et la standardisation des mouillages, il faut prévoir au minimum :
- un corps mort d’une tonne minimum,
- des chaînes 12m, à maillon soudé, les plus grosses possibles pour qu’elles puissent amortir les coups de boutoir (éviter la chaîne de 5, SVP),
- un gros émerillon, pour éviter que la chaîne ne s’entortille quand le bateau tourne au vent,
- des manilles noires ou en inox (le filetage des manilles galva made in TAIWAN sont trop problématiques) assurées,
- un bout souple de raccordement au bateau doit être de section minimale 14 et être protégé contre le raguage (tuyau polyvinyle)… fixé de façon préférentielle sur la chaîne et non sur l’œil de bouée,
- un double de ce bout en sécurité, fixé de même, mais différemment sur le pont,
…et ceci quelle que soit la taille du bateau.
Un mouillage non découvrant est une ligne constituée de :
- une chaîne dormante de diamètre 25/30, de longueur égale à la hauteur d’eau à marée basse plus 1 mètre (minimum 5 mètres)
- une chaîne secondaire de diamètre 14 minimum
- un émerillon entre cette chaîne et la suivante
- une bouée de diamètre 600.
La bouée conseillée est du type blanche. L’attache du bateau se fait sous la bouée sur la chaine
Ce complément est donné après que les tempêtes (avec comme conséquences les bateaux mis à la côte) aient confirmés toutes ces données ; et notamment qu’il ne faut pas se fier à une attache “rapide” sur un bateau en mouillage résident.